En bon disciple de Champfleury, Duranty nous propose avec Le Malheur d’Henriette Gérard, un roman de la vie de province, tout à fait exemplaire du réalisme tel que le défendent ses chantres, même s’il est largement moins connu que ceux d’un Balzac ou d’un Stendhal.
Sans fioriture et sans ambages, son intrigue relate le combat quotidien d’une jeune femme, Henriette, contrainte par sa famille d’éconduire l’homme qu’elle aime pour épouser un vieillard. Un simple résumé (aussi simple que l’intrigue) qui atteste déjà que l’idéalisme des romantiques prédécesseurs est en 1860, date de parution de ce roman, un réel souvenir. C’est, d’ailleurs, pour son analyse psychologique détaillée (pour ne pas dire décortiquée !) et sa représentation au vitriol d’un milieu social mesquin et ignominieux que ce roman de mœurs vaut vraiment d’être lu.
Ce fut avec l'effort de quelqu'un qui résiste à la douleur d'une opération de chirurgie qu'elle répondit encore ce même oui !
D’aucuns penseront de l’étude qu’elle est un peu pesante à force d’être fouillée ou trouveront le style trop incisif ou dépouillé. Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié le style clinique, la tonalité moqueuse et acerbe, l’incursion réussie dans le quotidien de ces bourgeois propriétaires terriens ainsi que la force de caractère et la persévérance du personnage féminin, seule (honnête) contre tous. Un classique de la littérature française du 19e siècle méconnu qui mérite, à mon sens, d’être redécouvert !
Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard, Gallimard, 1981, ♥♥♥♥♥
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